Louise Vignaud, dans Nuit d’Octobre, suit les destins de plusieurs duos qui convergent le soir du 17 octobre 1961. Ce jour-là, à l’appel du FLN, trente mille Algériens et Algériennes
participent à une manifestation pacifique organisée contre le couvre-feu raciste imposé par le préfet Papon. La manifestation est violemment réprimée par la police. Des gens disparaissent. Mais
le lendemain, aux informations, le ministre de l’Intérieur affirme : « il ne s’est rien passé ».
Proposer une pièce sur le 17 octobre 1961, c’est questionner un tabou historique et interroger l’organisation du silence qui entoure les crimes d’État. L’action débute au cœur d’une pharmacie
ouverte ce jour-là sur le boulevard Saint-Michel, devenue refuge pour les blessés et coulisse de l’horreur. Louise Vignaud s’empare de la fiction comme d’un révélateur, pour parler de la
différence et du deuil confisqué. Par la force du théâtre, elle entreprend, avec acuité et finesse, de nous réconcilier avec notre Histoire et d’en explorer la dimension universelle.
Un spectacle qui donne corps et images à un dialogue post-mortem en forme d’élégie entre Francis Bacon et son amant et modèle qui s’est suicidé deux jours avant la rétrospective du peintre, au
Grand-Palais, à Paris. Julien Gaillard prête sa plume à Francis Bacon: un texte tout en circonvolutions entre présent et passé, truffés de références littéraires et picturales. Frédéric
Vossier, lui, adopte pour George Dyer une langue abrupte, pour montrer le traumatisme d’un homme en déshérence, tandis que son amoureux triomphe. Vincent Dissez (George Dyer) et Arthur
Nauzyciel (Francis Bacon) incarnent ce double chant triste.
Le 26 octobre 1971, au restaurant du Train Bleu, gare de Lyon à Paris, Francis Bacon dînait avec le Tout-Paris venu le féliciter pour son exposition. «Je tiens mes yeux en laisse,
dit-il, il ne faut pas pleurer.»
En s’attaquant au monument de Stendhal, Catherine Marnas ose mettre en scène un texte dont nous avons presque tous au moins entendu parler un jour. Dans une adaptation condensée et nerveuse, elle ravive son éclat et sa force intemporelle. Respectant la manière dont Stendhal s’adresse directement au lecteur, elle fait tomber le quatrième mur par le biais d’une plateforme surplombant la salle, au plus proche des spectateurs. Sur scène, cinq acteurs jouent les personnages mythiques. L’ambitieux Julien Sorel, la troublante Madame de Rênal, l’intense Mathilde de La Mole… Tantôt incarnations, tantôt narrateurs. Dans la droite ligne de ses convictions, Catherine Marnas nous donne à voir un théâtre « généreux et populaire », qui sait ouvrir les portes d’une autre époque pour nous permettre d’y voir notre propre reflet.
Dans une petite ville ouvrière, au cœur des années 80, Wilda et Annette partagent un secret au sujet du PDG de Kentucky Aluminium. S’il ne veut pas perdre la face, ce dernier a tout intérêt à acheter – très cher – le silence de Wilda. Au fil d’un récit écrit pour neuf personnages et mené tambour battant par ces deux femmes, la pièce évoque une société où l’individualisme le plus mortifère se heurte à des liens indéfectibles de solidarité, et où le désespoir peut se transformer en hymne à la résistance.
Magda, sur la plage de Calais, dénoue ses cheveux immensément longs. Ils tombent sur son dos et s’étalent dans les flots, vivants. Ils sont le lien avec les voix de ceux que les eaux ont digérés, ceux dont les corps se délitent dans les profondeurs de la Méditerranée car leurs canots pneumatiques de fortune ont coulé lors d’une traversée pleine d’espoir. Et puis il y a cette voix, particulière, de cet homme qui flotte encore, qui appelle la jeune fille au secours et lui saisit les tripes, tragédie grecque du moment. Baptiste, son frère est là lui-aussi, noyé sous les montagnes de journaux qui affichent les chiffres des naufragés et pas même un nom. Archimède de Syracuse, hors temps, explique : les corps qui se noient suivent un processus précis de putréfaction… Il y a Antigone, de l’autre côté, à Lesbos ; les survivants et les naufragés qui disent pour qu’on raconte leur histoire. Pour Magda, se couper les cheveux serait une solution, s’isoler et vivre aveugle, sourde et peut-être sereine. Mais elle n’est pas une empathique apathique, ignorer cette voix serait un assassinat.
la sphère des réseaux sociaux est un passage quasi obligatoire. Comment grandit-on dans un environnement d’hyper exposition ? Que nous raconte ce besoin de reconnaissance et d’existence aux yeux des autres ? Comment faire la part des choses entre ce qu’on décide de partager et ce qui nous échappe ?
C’est une journée particulière. Une journée en famille où, enfin, Louis revient, lui que l’on a n’a pas vu depuis si longtemps, qui a donné si peu de nouvelles.
Ce fils, ce frère, arrive le matin de ce dimanche commun, rendu tout à coup si exceptionnel, joyeux et plein d’espoir par sa venue. Il repart le soir, sans avoir réussi à dire cette chose grave qu’il était venu annoncer. Leur dire à eux, sa famille, si proche et si loin.
Il y a cet amour familial, rendu étrange par un monde qui les sépare, et cette envie de se faire entendre, de crier…
Ce site a été conçu avec Jimdo. Inscrivez-vous gratuitement sur https://fr.jimdo.com